La « refondation » annoncée ne mérite pas son nom.
Nadia Miri est directrice d'une école primaire parisienne. Aguerrie par ses 42 ans de carrière, elle explique sans détour en quoi la « refondation » annoncée, imposée par en haut aux enseignants, aux animateurs, aux parents... et aux enfants, est une « entourloupe » qui enterre les vrais problèmes de l'école. Entretien.
Après avoir été promue à l'École normale, en 1968, Nadia Miri est institutrice jusqu'en 1992. Elle est alors mise à disposition de l'Académie de Paris pour diriger le Plan Paris-lecture avec la Ville de Paris, jusqu'en 2002. Depuis, elle dirige l'école primaire du 51 de la rue de Charenton, à Paris dans le douzième arrondissement (170 élèves, 7 classes). Nadia Miri y a mis en
Quelle est la source de la colère des enseignants ?
Ils en ont assez d'en prendre plein la figure. Les images négatives véhiculées sur l'école et sur les enseignants sont depuis trop longtemps violentes et aggressives. Tout le monde parle de l'école. Les médias privilégient la parole de tout le monde sur l’école sauf celle des acteurs de terrain. Et quand ils la donnent à des professionnels, ce sont les gens des syndicats majoritaires, qui ne sont pas représentatifs, mais rarement d’un enseignant de bas.
La réforme Peillon et le changement des rythmes scolaires ont été décidés par en haut, par décret, c'est la violence de trop, celle qui fait sauter le couvercle. On veut réformer le temps scolaire avant de savoir ce qu'on met dedans. Autrement dit, le gouvernement nous inflige une épreuve à la « Top chef » où on donne le temps de cuisson avant de déterminer la recette !
La « recette », autrement dit le contenu de l'enseignement ?
Exactement, car la question principale est celle des programmes, lesquels sont de plus en plus chargés et inadaptés pour un emploi du temps dont la masse horaire a diminué, passant de 26 heures à 24 heures avec la réforme Darcos en 2008.
Le résultat est d'une grande violence, pour les élèves dont on surcharge la barque, pour les maîtres qui ...
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